S'envoler

la beauté de l’échec

 

Je crois qu’on n’enseigne pas assez la beauté de l’échec, que ce soit à l’école, au travail, à l’église, dans les films, dans les livres, dans les chansons.

3 histoires de mon apprentissage de l’échec

J’ai grandi première de classe à l’école. J’aimais apprendre et j’apprenais vite. Il n’y avait peut-être que le sport, et le dessin, où j’avais du mal, mais j’ignorais simplement ces matières. J’ai donc grandi en ayant en tête que tout me serait toujours facile – en tout cas, les choses les plus importantes.
Le problème est que quand tout est simple, on n’apprend pas la persévérance.

1. Le permis de conduire

La vie est venue. A 18 ans, j’ai essayé de passer mon permis de conduire. J’ai raté. Une fois.
La deuxième fois, j’ai mis du maquillage pour peut-être mieux paraître aux yeux de l’inspecteur, me donner un boost de confiance. Mais je l’ai encore raté.
La troisième fois, je n’y croyais plus, alors je suis allée à l’examen en acceptant le fait que j’allais sûrement devoir y retourner une quatrième fois. Pas de maquillage cette fois, habillée simplement.

Paradoxalement, ce lâcher-prise m’a permis de réussir l’examen la troisième fois. Quand j’ai reçu la lettre qui disait que j’avais mon permis, je n’y croyais pas, et j’ai pleuré des larmes de soulagement.

Je crois que c’est en acceptant l’idée de l’échec que la réussite m’est enfin venue.

 

2. Les études supérieures

J’ai étudié en classes préparatoires MP après le lycée (= des cours scientifiques intensifs sur deux ans pour préparer aux concours d’entrée aux écoles d’ingénieur françaises). J’ai intégré les classes étoilées en 2e année (= les classes regroupant les meilleurs de classe, pour les préparer aux concours les plus difficiles). J’avais du mal en cours de physique, alors je ne travaillais pas beaucoup la matière. J’espérais pouvoir me sauver avec les autres matières.
Résultat, lorsque les concours sont arrivés, je n’ai pas eu les écoles que je voulais (j’étais ambitieuse). Je savais que je pourrais sûrement les avoir en repassant les concours l’année d’après, mais je ne voulais pas repasser par tout le stress de l’année passée. J’avais envie de partir, de faire ma vie, de rejoindre tous ces gens sur les réseaux sociaux qui semblaient s’amuser et faire le tour du monde.

Ceci dit, j’ai ressenti que ça serait bon pour moi de refaire une année. J’avais un sentiment d’échec horrible, mais j’ai décidé de m’accrocher.
J’ai donc refait ma 2e année d’études. Toute cette année-là, je me visualisais sans cesse arriver à ces écoles de Paris qui m’intéressaient tant. C’était mon rêve. Tout en faisant cela, j’ai accepté le fait que peut-être ça ne marcherait pas. Mais au moins, j’aurais essayé.

Puis… quand j’ai repassé les concours la 2e fois, j’ai eu un problème médical et je n’ai pas eu les écoles pour lesquelles je m’étais préparée.
Une année pour rien, aurait-on pu dire ? Quel choix stupide, une année de vie de gâchée ?

Non, car j’avais déjà accepté la possibilité de l’échec. Et dans mon échec, je savais ce que j’avais réussi malgré tout. Dans mon échec apparent, j’avais appris à écouter mon corps en me couchant plus tôt, à persévérer, à aimer une matière que je détestais, et à mieux m’organiser personnellement. J’avais appris à dépasser les limites de mes capacités de concentration et d’analyse.

L’important avait été le processus bien plus que le résultat officiel.

C’est cela, la beauté dans l’échec.

 

3. Une leçon de Game of Thrones

L’année dernière, pendant ma recherche d’emploi lente et remplie de hauts et de bas incessants, je regardais Game of Thrones. Je voudrais partager une scène qui m’a immensément aidée pendant cette période.

Dans cette scène, il y a Jon Snow (le jeune homme) et Ser Davos (le plus vieux).

[SPOILER ALERT] Jon Snow a été tué par ses collègues alors qu’il défendait un peuple opprimé injustement et essayait en gros d’avertir la population que des monstres (les White Walkers) arrivaient et qu’il fallait se préparer. Il combattait des vieilles croyances et des fausses traditions, pour le bien de son peuple, mais a lamentablement échoué en se faisant tuer comme un traître.

Une sorcière passe par là, voit en Jon Snow un potentiel de leader, et le ressuscite.

Jon Snow se réveille aux côtés de Ser Davos. Au lieu d’être reconnaissant d’avoir une seconde vie, Jon panique complètement. Qu’est-ce qu’il va bien pouvoir faire de sa nouvelle vie si personne ne l’a soutenu avant ?…

La vidéo ci-dessous est en sous-titres anglais et français.

 

[/FIN DU SPOILER]

J’adore la réponse de Ser Davos. N’importe qui aurait répondu à Jon Snow : “Mais si, allez, tu vas y arriver cette fois.” avec un ton super optimiste. Mais Ser Davos est réaliste et sage. Il dit simplement “Va, et échoue encore.”

VA, ET ECHOUE ENCORE.
NOW GO FAIL AGAIN.

Quel paradoxe, non, d’encourager quelqu’un à échouer ? Mais c’est un tel soulagement pour Jon ! Il se lève enfin de son lit et ose affronter ceux qui l’ont tué, pour tenter de regagner leur confiance.

La beauté de l’échec…

Pourquoi on ferait pas ça, nous ?

Si vous voulez faire comme Jon Snow ou moi, la prochaine fois que vous avez peur de rater (un examen, une relation…), ne vous dites pas “Je vais y arriver.” Quel stress !
Dites-vous plutôt, “Je fais de mon mieux et j’accepterai le résultat quel qu’il soit.”

Je ferai de mon mieux, et j’accepterai le résultat, quel qu’il soit

Tout le monde peut se planter, se tromper dans la vie. Moi. Jon Snow le héros. Vous. Et c’est la vie !

Et donc, quand je recherchais un travail l’année dernière… me dire tout ça, ça m’a aidée à lâcher prise. Au lieu de tout miser sur une entreprise, j’acceptais en avance le fait qu’on pourrait ne pas m’accepter. Que ce soit de ma faute ou à cause de circonstances externes, peu importait. Si une entreprise ne marchait pas, j’irais en voir une autre, et ainsi de suite. Ca m’a permis de tenir le coup psychologiquement pendant mes 9 mois de recherche et de finalement trouver le super travail que j’ai encore aujourd’hui.

Et saviez-vous que même dans les start-ups de la Silicon Valley, on les encourage à échouer beaucoup et vite ? C’est une des façons clés d’améliorer son offre client. Parfois, échouer constamment est la seule façon de s’améliorer dans la meilleure direction possible.
Même Thomas Edison, qui a inventé l’ampoule électrique après 1000 essais, a dit : “Je n’ai pas échoué 1000 fois, j’ai simplement trouvé 1000 façons de ne pas arriver au résultat.”

J’aimerais qu’on enseigne plus ça à l’école. Si tu échoues à un examen, au lieu d’être comparé aux autres, on devrait célébrer tes erreurs, qui t’apprennent beaucoup, et te laisser une autre chance de refaire l’examen jusqu’à ce que tu aies tout compris. Chacun a sa propre ligne de progression, certains doivent se tromper plus que les autres parfois pour comprendre un même concept. Et c’est OK.

Et comme dirait un ami à moi :

Il vaut mieux regretter d’avoir essayé que de regretter de n’avoir jamais essayé.

 

Voilà la beauté dans l’échec.

21 octobre 2020

Pour plus d’histoires sur mes échecs, lisez mes posts sur Instagram 🙂

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3 Commentaires

  • Cédric

    “Je fais de mon mieux et j’accepterai le résultat quel qu’il soit.” c’est effectivement la base de la réussite dans la vie je trouve. Faire de son mieux, de toute façon on ne peut pas faire plus 🙂 donc si on rate, pas de regret : on avait fait de notre mieux.

    • Kevin

      « Ever tried. Ever failed. No matter. Try again. Fail again. Fail better. »
      Une citation du poète Samuel Beckett qui a inspiré à Stanislas Wawrinka un tatouage et une philosophie de vie .

      En 2013, lorsque Stan arbore pour la première fois ce tatouage à son avant bras sur un court de tennis, il est un excellent joueur de tennis suisse, mais pas encore un champion. Il est 17ème joueur mondial, proche du top 20 mondial depuis près de 6 ans désormais, quart de finaliste de Grand Chelem et médaillé d’or en double lors des JO 2008 aux côtés de son compatriote Roger Federer (aîné encombrant dans l’ombre duquel Stan a dû grandir ; la carrière phénoménale de son “grand frère” a bien souvent éclipsé la sienne…).
      Mais malgré ses nombreuses réussites, Stanislas Wawrinka est régulièrement relégué au statut d’outsider ou moquer pour son mental fragile… La raison ? Il
      n’a pas encore remporté de titre majeur et échoue quasi systématiquement face aux membres du fameux «Big Three» (3 petites victoires pour 33 défaites) : Roger Federer donc ainsi que Rafael Nadal, Novak et Djokovic. Ces 3 joueurs qui trustent l’essentiel des titres importants sur le circuit du tennis masculin depuis des années vainqueur : depuis juin 2005, ils n’ont laissé échapper collectivement qu’un seul tout petit titre du Grand Chelem, les tournois les plus prestigieux du circuit de tennis professionnel (l’US Open 2009, en l’occurrence, remporté par le jeune Del Potro). Bref, Wawrinka est souvent proches des tous meilleurs, toujours classé mais jamais vainqueur… Il est régulier, joue un tennis solide et séduisant et a remporté plusieurs tournois, mais il ne parvient pas à briser le plafond de verre au dessus de sa tête. Et comme si ça ne suffisait pas, il est sans cesse comparé à l’autre joueur suisse majeur du circuit : son illustre aîné, Roger Federer, recordman du nombre de victoires en Grand Chelem et 2ème joueur étant resté le plus longtemps n°1 mondial de tous les temps (il a depuis décroché ce record également). Il est bien difficile pour Stan de tenir la comparaison et il apparaît alors aux yeux de tous comme un joueur de second plan.
      Et c’est donc en 2013 qu’il se fait tatoué cette citation et déclare : « Cette citation a toujours été ma philosophie de vie. Si tu es joueur de tennis et que tu ne t’appelles pas Nadal, Djokovic ou Federer, à chaque tournoi que tu perds, tu dois partir avec du positif malgré la défaite. »
      Que s’est-il passé depuis pour Stan ? Eh bien, en suivant cette mantra, il a intégré le top 3 mondial, remporté 12 titres, gagné une coupe Davis (sorte de mondial du tennis) et 3 des 4 tournois du Grand Chelem entre 2014 et 2016 (un chaque année) à chaque en remportant la finale face au n°1 de l’époque… Pas mal pour un “loser” qui n’a gagné son premier titre majeur qu’à 28 ans passés !
      Aujourd’hui, du fait de son palmarès, Stanislas Wawrinka est objectivement reconnu comme l’un des plus grands champions de sa génération. Mais à mon humble avis, il représente bien plus encore : cet homme est tout simplement une inspiration, un modèle de persévérance.

      • Cynthia Mayer

        Merci beaucoup pour ce partage de la beauté de l’échec dans le monde du sport, Kevin !
        “Fail again, fail better”, je ne dirais pas mieux.
        C’est vrai que la persévérance c’est avant tout, accepter d’échouer… sans ça, difficile de continuer. L’échec fait partie du chemin.

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