Pensées

le besoin de connexion

Parfois, j’ai l’impression de penser beaucoup plus lentement que le reste du monde. Des concepts me frappent un jour comme une révélation, alors qu’ils semblent naturels à d’autres personnes. Je passe des mois à réfléchir sur le sens d’une rencontre que j’ai faite – et quand enfin je le saisis, il me suffit d’un mot pour décrire ce que j’ai appris. Un mot. Avec joie, je déclame ce mot à mes amis, ou à la personne concernée. Cela me semble tellement évident. Puis je regarde des séries, j’entends des gens parler, et utiliser ce mot régulièrement. Et je commence à me sentir un peu… bêta. Comment se fait-il que je n’avais pas saisi ce concept avant ? Ne suis-je pas en retard par rapport aux autres ? Ou bien, est-ce que les gens utilisent ce mot d’une façon beaucoup moins réfléchie que moi, et c’est pour cela qu’ils l’utilisent plus souvent dans leur vocabulaire ?

Le mot le plus récent que je cherche à décortiquer est « connexion ».

Vous avez peut-être déjà lu mon article précédent sur l’exercice du cordon rouge, un exercice de visualisation pour se sentir connecté aux personnes autour de nous. Mais qu’est-ce que « connecté » veut dire ?

Pourquoi y a-t-il certaines personnes auxquelles on se sent plus connecté que d’autres ?

Y a-t-il des amitiés dans un seul sens ? Que manque-t-il pour que cela aille dans l’autre ?

Pourquoi aimons-nous ou nous attachons-nous à des personnes qui nous rejettent ?

D’où vient cette difficulté d’obtenir une relation bilatérale ?

Quand j’étais au lycée, j’essayais de devenir amie avec une fille laissée de côté par les autres. En demandant à quelqu’un de mon cercle officiel d’amis pourquoi elle n’essayait pas de l’inclure, elle aussi, elle m’a répondu : « Certaines personnes ne sont pas faites pour être mes amis. C’est comme ça. Je ne le sens pas. On ne peut pas être ami avec tout le monde. »

C’était la phrase la plus pessimiste que j’avais jamais entendue jusque-là. La fille dont on parlait, était gentille, joviale, et cherchait simplement des amis. Elle n’avait rien de repoussant, rien de gênant en particulier. On n’était qu’au lycée, encore le début de notre vie d’adulte où on essaye de créer des amitiés pour le reste de l’année, du moins, voire de la vie. Alors pourquoi la rejeter sur le principe de « Je ne le sens pas. » ?

J’ai eu la bénédiction et la malédiction de me sentir souvent seule dans ma vie.  Je suppose que c’est le privilège de la première de la classe jalousée des autres, depuis l’école primaire. En conséquence, je n’ai jamais été très sélective dans le choix de mes amis. Ma pensée allait (et va toujours) ainsi :

  • Si tu veux devenir mon ami : très bien ! Ma porte t’est ouverte.
  • Si tu ne veux pas créer une connexion avec moi : dommage ! C’est sûrement parce que tu m’as jugée trop rapidement. Du coup, tu loupes une occasion de me connaître réellement et d’obtenir une amie de plus.

Le « tu » pour moi, peut s’appliquer à n’importe qui. Homme, femme, fille, garçon. Mon âge, plus jeune, plus âgé. Religieux ou non. De mon niveau d’études ou non. De mon milieu d’études ou non. Avec ou sans ami en commun.

C’est peut-être pour ça que j’ai toujours apprécié voyager – ça me permet de rencontrer plus de personnes différentes, d’élargir mes points de vue, de sortir de ma zone de confort, d’enrichir mon cercle social, et possiblement être ce petit quelque chose de différent que je peux offrir à d’autres aussi, s’ils sont ouverts et curieux.

Souvent, je suis frustrée, car je veux apprendre à connaître quelqu’un et je me rends compte que cette personne ne veut pas de moi – pas même en amie. J’ai appris à être ouverte sur le monde mais j’ai encore du mal à être ouverte à quelqu’un qui se ferme aussi rapidement. C’est comme foncer les bras ouverts en direction d’une jolie petite maison et voir la porte se refermer devant soi au dernier moment. BAM. La tête contre le bois. Ça fait mal ! Et qu’est-ce que j’ai fait de mal pour me voir refuser cette amitié, ou en tout cas, un début ? Quelqu’un peut m’expliquer ?

J’ai, du coup, une sensibilité plus particulière pour les gens « marginaux », qui n’arrivent pas à rentrer dans les cases traditionnelles de la société. Parce que je peux comprendre leur potentielle difficulté à se faire des amis, et ils peuvent comprendre la mienne. Ils sont ouverts et se prennent des portes malgré tout, comme moi. Leur porte ouverte inconditionnellement, et la mienne aussi, font qu’on crée facilement un lien.

Mais est-ce vraiment à cause d’une question de compatibilité de personnalités ?

Ne serait-ce pas juste à cause de notre DÉCISION de devenir amis quoi qu’il se passe, qui que soit l’autre, quels que soient ses choix de vie, et de tout faire pour garder cette amitié ?

Notre décision de garder la porte ouverte avec bienveillance ?

 

Certains diront, comme cette fille du lycée, « On n’est pas compatibles pour être amis. » Mais la vérité, c’est qu’ils ne VEULENT pas devenir amis. Cette personne les dérange. Elle n’est pas comme ceux auxquels ils sont habitués. Elle sort de l’ordinaire. L’inconnu effraie, même si l’inconnu n’a que des bonnes intentions. Ils ne veulent pas sortir de leur zone de confort pour apprendre à connaître quelqu’un de différent, avec des codes de communication différents, et pourtant les mêmes besoins que n’importe quel autre humain : celui d’être CONNECTE.

Pourquoi refuserait-on ce cadeau à quiconque ?

Regardez les personnes vivant dans la rue. Allez leur parler. Vous allez voir qu’elles vont parler d’elles-mêmes pendant 5, 10 minutes sans s’arrêter. Elles ne vont pas vous poser de question sur votre vie. Elles sont juste contentes qu’on s’intéresse à elles.

Question d’ego ? Non, elles sont juste si isolées d’habitude que n’importe quelle forme de connexion leur convient. Dans ce cas-là, une connexion entrante leur fait du bien, leur permet de sentir qu’elles ont de la valeur comme elles ont une histoire à raconter et que quelqu’un écoute.

Elles ne vous diront peut-être pas merci. Pas tout de suite. Pas la première fois qu’elles vous voient. Parfois, on a été tellement isolé qu’on a oublié les codes basiques de communication – ça inclut savoir dire merci.

Donnez simplement un peu de votre temps, un peu de votre écoute. Stoppez votre impatience. Chaque personne a une histoire, une expérience unique. Si vous ne l’écoutez pas, pourquoi écouterait-on la vôtre ? Pourquoi l’histoire de quelqu’un aurait-elle plus de valeur qu’une autre ?

 

Ne voyez-vous pas que nous sommes tous des êtres humains de même valeur, avec les mêmes besoins, quelque soit notre passé, quelles que soient nos expériences de vie ?

 

18 février 2020

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