S'envoler

le trouble de la chrysalide

Il faut bien tenir un petit journal de tout ce qui est en train de se finir maintenant. J’étais toute la semaine aux oraux à Centrale Paris. Dès mercredi, la chaleur a commencé à être extrêmement pesante. Mes yeux se plissaient plus que d’habitude dehors, l’air à respirer était chaud, pas de nuage, pas de vent.

Cela fait deux nuits que je m’endors difficilement. D’une part, la chaleur qui persiste la nuit (même la fenêtre ouverte), donc le manque d’air frais et renouvelé (comme s’il stagnait dans la chambre), jusqu’à ce que je décide de laisser la porte de ma chambre ouverte pour créer un courant d’air, là ça s’est amélioré. D’autre part, je revis mon oral de français des Mines mentalement en imaginant une fin différente, une réponse différente : mieux me défendre, ou un exemple qui plairait plus à l’examinatrice… mais ça me prend la tête. Le passé doit sortir de mon esprit. J’hésite quand même à appeler pour savoir s’il est autorisé de demander à un candidat son avis sur l’avortement, et sur ce qu’on pense du rôle idéal du père. Est-ce que ça a encore un sens ? Je ne comprends toujours pas ce qu’elle attendait ici.

Je suis dans le train, je vais sûrement m’endormir, l’air est frais ici. Mes yeux sont si fatigués. Ma vue a baissé. Une fatigue accumulée. De l’attente, de l’incompréhension, des doutes, besoin d’un esprit libre. Qui redécouvre le sens de la prière, des études, des loisirs. Le sens de la réussite. Trop de bourrage de crâne, un peu déboussolée sur les évaluations, la froideur de certains et l’humanité d’autres.

J’ai mal à l’oreille droite aussi. Ça me réveille la nuit, et je n’ai pas l’impression que les antidouleurs fassent effet. Quasiment pas dormi cette nuit. Le matelas est par terre depuis lundi soir, leur sommier était en fer élastique et une planche en bois, trop haut par rapport au sol à mon goût. Je pense que mon dos n’a pas apprécié.

Je rêvais de voyager, je ne sais même plus comment faire, ni où j’aurais envie d’aller.

Du dodo, des fruits, du dodo, des fruits.

Une belle nature par la fenêtre ; plaines, arbres défilant sous un même paysage, une même ligne.

 

C’est l’histoire d’une jeune chrysalide, enveloppée dans une barque d’argent. Elle est enveloppée d’un tissu blanc, est recroquevillée et a les yeux fermés, attendant que la barque soit poussée sur le fleuve Océan.

Dans son cocon, tout est silence et murmures de vagues ; promesses de naissance, de voyage, de libération de sa couverture vestale.

Le monde autour d’elle est noir, alors elle attend, dans son abri argenté, d’être poussée là où le mouvement des eaux la portera.

 

Elle a une impression qui lui revient souvent. Ces temps-ci, elle est choisie comme creuset de réponses par certaines personnes, ou comme réceptacle de partage d’idées,  de connaissances. Elle peut écouter quelqu’un dans les yeux, peut-être faire sentir à l’autre son intérêt, son attention.

Elle rêve de pouvoir faire sentir aux gens qu’ils sont aimés, chéris, et importants, d’un seul regard, d’un seul encouragement, d’une seule question. Même les inconnus.

Il lui faudra accepter que certaines personnes refusent un tel don, et donc n’en profiteront pas.

Mais en priant pour ses amis, les gens qu’elle vient de rencontrer, elle peut ouvrir beaucoup de cœurs, et comprendre comment s’adresser à eux, tout en remettant ses doutes et ses craintes dans les mains du Seigneur.

4 juillet 2015

Texte écrit à la fin d’une 5/2 ~ troisième année de classe prépa scientifique

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