un an de célibat
Aujourd’hui, sous la pluie d’étoiles filantes des Draconides, sur le toit de mon camping-car dans le désert du Nevada, je fête un an de célibat 😀
Pendant cette année, j’ai fêté ma lune de miel en solo dans la Vallée de la Mort, acheté ma première maison (un camping-car) et obtenu mon premier bébé (mon nouvel ordinateur pour éditer les vidéos de ma chaîne YouTube).
“Fêter”? Mais oui !
Pour certains, le célibat est synonyme de solitude, d’ennui, d’option par défaut. Ils se considèrent incomplets tant qu’ils n’ont pas trouvé une âme soeur avec laquelle passer leur temps.
J’ai bien sûr un côté romantique qui rêve de rencontrer cette personne. Mais cette année, la vie m’a appris qu’avec ou sans compagnon de route, je peux choisir de vivre une belle vie.
Notamment, mon temps d’ermite relationnelle m’a donné l’opportunité de travailler sur les niveaux suivants :
- Comprendre ce que je cherche
- Améliorer mon équilibre personnel
- Construire ce que je veux attirer à moi
A la question : “Pourquoi es-tu célibataire ?”, voici ma réponse pour cette année.
1. Comprendre ce que je cherche
A côté de mon ancien chez-moi, à Bernal Hill, il y a un rocher portant la citation suivante :
[EN] “Your task is not to seek for love, but to seek and find all the blockages within yourself that you have built against it.”
[FR] « Ta quête n’est pas de trouver l’amour, mais de chercher, et trouver tous tes blocages intérieurs que tu as bâtis contre lui. »
Je lis cette phrase et j’entends : introspection. La quête de l’amour n’est pas la complaisance dans l’attente d’un prince charmant, non – INTROSPECTION. Mais en quoi l’introspection me permettrait de trouver indirectement l’amour, peut-on se demander ?
Un principe éternellement enseigné est : « Cherche, et tu trouveras. » Mais qu’est-ce que je cherche vraiment ? L’amour véritable ? D’accord, et comment est-ce que je définis « l’amour véritable » ? Comment je saurai lorsque je l’aurai trouvé ? Et est-ce que je crois que j’y ai droit ?
Je crois que trop de gens ont une vision faussée de “l’amour véritable”, ce qui fait que leur coeur ne cherche naturellement pas dans la bonne direction. Peu d’humains se rendent compte que la vision de l’amour qu’ils ont est hautement influencée par le contexte familial dans lequel ils ont grandi. Par exemple, j’ai de la chance d’avoir vu mes parents se pardonner après s’être disputés, faire des projets ensemble, et nous élever avec amour en nous encourageant dans toutes nos idées les plus folles. C’est le modèle d’amour que j’essaye de suivre.
De l’autre côté, j’ai une belle-sœur pour qui le premier modèle d’amour était un père qui la critiquait beaucoup et ne l’aidait pas à avoir confiance en elle. De ce fait, chercher « l’amour », inconsciemment pour elle, a été de trouver un homme qui « l’aimait » comme son père. Ça s’est bien évidemment soldé par un divorce et un avortement non souhaité. Heureusement, plus tard, elle a compris qu’elle méritait mieux, et elle a trouvé mon frère en deuxième mariage. (Ouf !)
Si on ne sait pas ce qu’on cherche, ni comment notre vécu influence nos désirs, on risque de trouver ce qui nous fait plus de mal que de bien. Quel modèle d’amour cherchez-vous ? Et croyez-vous, au fond de vous-mêmes, que vous y avez droit ?
OUI, vous y avez droit ! Le seul problème… c’est que vous n’y croyez peut-être pas ?
Expérience personnelle : plusieurs fois dans ma relation précédente (de type Célibataire Par Défaut/Célibataire Active), j’ai rencontré d’autres hommes qui me semblaient incroyablement matures, gentils, mignons, bref des parfaits partenaires potentiels. Mais au lieu de m’ouvrir à eux, je me censurais intérieurement. Ce qui me venait à l’esprit, à chaque fois, c’était « Ils sont trop parfaits pour moi. Ils ne seront jamais intéressés par moi. J’ai fait X et X mauvais choix dans ma vie et je ne les assume pas. Ça les fera fuir. » Autrement dit, j’avais une mauvaise estime de moi, je ne m’acceptais pas telle que j’étais dans toute mon imperfection humaine. Je restais avec mon compagnon un peu par défaut, parce que j’avais peur du rejet des autres, ce qui était une très mauvaise raison de rester en couple.
Le jour où j’ai rompu est le jour où j’ai ressenti que j’avais droit à ce bonheur que je cherchais. Je devais juste partir pour le trouver, une bonne fois pour toutes et sans regarder en arrière.
Depuis ma rupture, j’ai donc travaillé sur les résolutions suivantes :
- Assumer mon chemin de vie, me pardonner
- Mettre en ordre dans ma vie les choses qui en ont besoin
- Me réaligner avec mes principes et mes valeurs
Ces trois choses m’aident beaucoup à remonter mon estime de moi. Pour tester ma progression, j’imagine ces hommes « idéaux » à côté de moi et j’essaye d’imaginer comment je me sentirais. A l’aise pour leur parler ? Ou pas à ma place ?
Exercice pour tester votre estime de soi : Allez-y, pensez à quelqu’un dont vous rêvez en cachette et situez-vous sur l’échelle suivante :
1 – A l’aise, j’oserais même faire le premier pas
…
10 – Pas du tout à ma place, je risque de le/la décevoir !
Alors, quel est votre score ?
2. Améliorer mon équilibre personnel
Avant, dans mes pires moments de solitude, je rêvais d’être prise dans les bras d’un garçon que j’appréciais. Je pensais que cela voulait dire que j’étais amoureuse de lui. Mais à bien y penser, c’aurait pu être n’importe quel garçon qui me prendrait dans ses bras, et je me serais sentie tout aussi bien. Qu’est-ce que cela voulait dire ?
Voici ce qu’il se passait. J’avais l’impression de chercher l’amour, mais je ne cherchais qu’un réconfort, qu’un boost d’ocytocine dans un moment d’isolation. Connaissez-vous l’ocytocine ? C’est l’hormone du bonheur, de l’attachement, celle que l’on ressent au toucher, dans un câlin, un baiser, aux gentilles paroles, à l’accouchement d’un bébé. En faisant cette analyse, j’ai compris que si j’allais vers ce garçon, ce ne serait que pour obtenir cette hormone. Je sais que je ne l’aimerais pas pour qui il serait, mais simplement pour ce qu’il m’apporterait. Cela serait injuste pour lui, et égoïste de ma part.
Me sentant quand même seule, j’essayais alors de trouver d’autres façons, plus saines, d’obtenir cette ocytocine. Par exemple, me connecter avec ce garçon à d’autres niveaux – la conversation, le jeu. Me connecter également à d’autres amis, demander des nouvelles. Faire un câlin à ma peluche. En faisant cela, petit à petit, je me rendais compte qu’effectivement, l’attraction que j’avais pour le garçon disparaissait petit à petit.
Je comprenais alors que mon attraction, bien que ressemblant à de l’amour, n’était en réalité que l’expression d’un besoin temporaire.
Je crois que l’expression de ce besoin peut s’afficher sous plein de formes différentes. Dans les pires moments de ma vie, j’ai déjà senti mon cerveau s’agiter tellement que n’importe qui (sexe ou âge) devenait une cible d’attirance potentielle. Heureusement, je ne me suis pas étiquetée, et je n’ai pas agi impulsivement parce que j’ai pris le temps de pondérer et d’interpréter ce dont mon cerveau avait besoin. J’aurais pu me dire « ah bon en fait je suis bisexuelle, voilà ce qui va résoudre mes problèmes, j’irai avec une fille », mais à la place j’ai compris que je voulais juste du réconfort et me sentir connectée et aimée. Une expression d’amitié sincère – assez tôt dans le processus en tout cas, suffisait pour faire taire mes nouvelles attirances.
En bref, j’ai mis du temps pour comprendre que L’ATTIRANCE N’EST PAS L’AMOUR VERITABLE. Et ça n’y mène pas toujours non plus !
Sur ce, j’aimerais faire un point important. Si votre seule raison de rester avec votre partenaire est de ne pas vous sentir seul(e), alors ce n’est pas un partenaire, c’est juste une PELUCHE (…ou un sextoy selon là où vous envisagiez d’aller).
Pour parler un peu plus de cette notion de « peluche » : Si vous êtes déjà venu dans ma chambre, que ce soit à Belfort, Osaka, Strasbourg, Nantes, Durham ou San Francisco, la première chose que vous avez sûrement remarquée est « Mais y’a plein de peluches ! » (et la deuxième chose que vous allez dire est « Je peux t’en prendre une ? ») OUI ! Je suis quelqu’un de très câlin et sensible au toucher. Je pense que j’ai des peluches pour la même raison que la plupart des vieilles dames que je connais ont une pléthore de chats chez elle : mieux vaut un câlin à une peluche qu’à quelqu’un qui risque de nous briser le cœur – ou dont on risque de briser le cœur.
Bref, si vous vous sentez seul(e), ne faites pas passer votre solitude sur quelqu’un d’autre. Ne laissez pas l’autre croire que vous l’aimez alors que vous essayez simplement de recharger vos hormones d’ocytocine.
A la place, montrez du vrai amour. Rendez service. Posez des questions. Intéressez-vous sincèrement à l’autre. Sortez, parlez à des inconnus dans un parc, jouez au frisbee avec eux. En faisant cela, non seulement vous allez vous sentir mieux, mais en plus vous allez aider quelqu’un à se sentir mieux. Vous savez, tout le monde aime se sentir connecté, à différents niveaux. Vous n’êtes pas seul. Ouvrez-vous aux besoins des autres. Victimisez-vous quelques minutes, pleurez un peu dans votre lit, pas de souci, puis SORTEZ, mettez de la musique, faites un truc qui vous plaît et changez la tonalité de votre journée une bonne fois pour toutes.
(Et si vraiment ce sentiment de solitude persiste, allez parler à un thérapeute professionnel, s’il vous plaît. Vous ne voulez pas inconsciemment chercher un partenaire qui devienne votre thérapeute, c’est très malsain. Faites-le pas seulement pour vous, mais pour la personne que vous dites « aimer ».)
3. Construire ce que je veux attirer à moi
Je crois vraiment à l’amour comme un aimant. On attire à soi ce qu’on demande à avoir. Ça a même un nom, « la loi d’attraction » si vous voulez en savoir plus sur le sujet.
C’est un peu comme chercher un job, sous certains aspects. Si vous ne cherchez qu’un job alimentaire, (pour la seule raison de récolter des sous), alors vous n’y trouverez que de quoi vous alimenter. Vous n’y trouverez pas l’énergie ni la passion qui découlent de chercher un job qui vous plaît vraiment et qui vous permet de montrer toutes vos capacités et de grandir, pour votre propre bénéfice et celui de l’entreprise. Et cela va se remarquer aussi dans l’entretien d’embauche ! Personne ne veut embaucher quelqu’un qui ne croit pas en ses capacités ni en ses compétences.
C’est pareil en amour ! Si vous pensez que vous êtes trop moche/vieux/inculte/stupide comparé(e) aux autres, cela va naturellement baisser votre aura de charisme. Qui a envie d’être avec quelqu’un qui se déprécie à longueur de journée ? Cela draine l’énergie des deux partenaires en permanence. Ce n’est pas soutenable sur le long terme. Si vous ne supportez pas que quelqu’un vous rabaisse, pourquoi vous rabaisser vous-même ?
Et donc, qu’attirez-vous à vous ? D’où cela peut-il venir ?
Commençons avec des exemples négatifs :
- Si vous n’avez pas un minimum d’équilibre personnel, vous n’en trouverez pas dans votre partenaire non plus. (vous risquez même de diminuer le sien)
- Si vous avez fermé votre cœur parce que vous avez peur d’être vulnérable, ne vous plaignez pas de rencontrer quelqu’un qui agit de façon similaire. (vive les relations platoniques !)
- Si vous avez une mauvaise tendance à vouloir toujours aider les gens au détriment de votre propre équilibre, vous allez trouver quelqu’un qui va naturellement en abuser. (à vous de le détecter au plus tôt et de virer cette personne !)
- Et enfin, si vous cherchez une peluche, vous trouverez… une peluche.
Allons aux exemples positifs à présent :
- Si vous vivez une vie où vous travaillez activement pour réaliser vos rêves, vous attirerez quelqu’un soit qui fait pareil, soit qui est prêt à vous soutenir jusqu’au bout (ou les deux).
- Si vous vivez une vie en accord avec vos principes personnels (à vous de bien les choisir), vous attirerez quelqu’un qui vous aidera à les garder (ou en vous proposer de meilleurs).
- Si vous savez dire non sans avoir peur de vous retrouver seul(e)… vous attirerez quelqu’un qui vous respectera encore davantage. (! j’aurais dû faire ça dans ma précédente relation, ça m’aurait évité bien des soucis de cœur)
Alors !
Exercice : Ecrivez sur un bout de papier ce que vous recherchez chez votre partenaire…
…
…
Maintenant, évaluez votre liste : possédez-vous les qualités que vous recherchez chez l’autre ? Cela vous donne des pistes pour évaluer votre progression 🙂
Alors, où en êtes-vous ?
Je pense qu’être un « Célibataire Actif » (le type de célibataire qui multiplie les « dates » et les rencontres pour trouver son âme sœur) sans avoir atteint les trois quêtes ci-dessus est voué à une déception permanente. On risque de perdre du temps à analyser les autres alors qu’on n’a jamais pris le temps de s’analyser soi-même de la bonne façon.
Entre comprendre ce que vous cherchez, ce que vous voulez attirer, et augmenter votre équilibre personnel, où en êtes-vous personnellement ?
J’attends vos commentaires 🙂
7 Octobre 2020
Un Commentaire
Cédric
C’est très beau. Récapitulons : 1. Comprendre ce que je cherche 2. Améliorer mon équilibre personnel 3. Construire ce que je veux attirer à moi.