Pensées

3% : cherchons-nous le bon paradis ?

 

J’ai récemment dévoré la série brésilienne Netflix « 3% » qui raconte une dystopie où, chaque année, les jeunes de 20 ans passent une batterie de tests qui détermineront s’ils sont assez « méritants » pour aller vivre sur une île paradisiaque, sans jamais retourner sur le continent appauvri d’où ils viennent.  En plus des tests, il faut savoir que seulement 3% de ces jeunes auront le droit à une place sur l’île.

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[Attention ! Cet article a quelques spoils… Mais cela ne devrait pas vous empêcher d’apprécier la série si vous décidez de la regarder :)]

Un continent appauvri

Décrire le continent comme appauvri n’est pas une hyperbole, c’est un pléonasme. Dès le premier épisode, on voit que tout le monde porte des habits usés, déchirés, rapiécés.

On s’habille comme on peut…

 

On vit dans des maisons à moitié défoncées, délavées, une sorte de bidonville dans une ville abandonnée depuis des siècles. Il n’y a aucun espace de loisir, aucune école, aucune entreprise, aucune technologie comme Internet, électricité, de transport, de télécommunications. Tout le monde marche, fait du troc pour arriver à manger et boire. Je ne suis pas sûre d’où leur nourriture vient d’ailleurs, comme ils n’ont pas d’agriculture ni de ferme – peut-être d’anciens stocks de supermarchés pré-apocalypse, mélangés à des rats frais/insectes ici et là. Tout le monde semble être constamment sur les nerfs.

Le continent appauvri

 

La promesse de l’île-paradis

En comparaison, les quelques personnes qui viennent rendre visite de la part de l’île-paradis sont toujours très bien habillées, propres, droites, sûres d’elles-mêmes, en confiance. Tout le monde, sur le continent, les envie.

Le leader du processus de sélection

 

Plus exactement, de nombreuses scènes montrent que toute l’énergie des gens semble être dirigée vers cette promesse d’île-paradis : quand ils sont petits, on voit des enfants jouent à des jeux qui répliquent ces batteries de tests – ou du moins ce qu’on pense qu’ils sont. On voit un prêtre qui loue la supériorité des gens qui ont été sélectionnés pour vivre sur l’île-paradis et qui fait un équivalent de messes où les gens chantent, dansent, et rendent grâces à leurs « supérieurs » de l’île-paradis. On voit des parents qui sont profondément déçus de leurs jeunes adultes qui n’ont pas réussi à passer les tests. On voit un homme qui triche pour repasser les tests l’année suivante, sans avoir honte de voler l’identité de son frère pour y arriver – laissant ainsi son frère privé à jamais de l’opportunité de l’île-paradis.

Quand on voit ça, on remarque vite que quelque chose n’est pas net dans l’histoire. C’est comme si le bonheur n’était accessible que depuis l’île-paradis. Je l’ai d’ailleurs appelée “île-paradis” dans cet article pour une bonne raison : les prêtres en parlent comme un but de vie ultime et louent les vertus des gens qui y vont… comme le paradis en fait.

Cette promesse régule toute la dynamique de ce monde. Enfant, tu joues à passer les tests. Adolescent, tu te prépares à passer les tests. Certains font un bébé au début de leur âge adulte. A 20 ans, tu passes les tests. Si tu fais partie des 3% des gens qui réussissent, tant mieux, tu pars sur l’île, en laissant ceux que tu aimes derrière toi. S’ils veulent te rejoindre (même le bébé que tu as conçu avant de partir), ils devront passer les tests eux aussi. Sinon, tu restes sur le continent, et tu survis du mieux que tu peux. Tu fais des enfants et tu t’occupes plus ou moins d’eux, et tu espères que eux arriveront à passer les tests lorsque leurs 20 ans arriveront, pour ta fierté personnelle.

Et voilà le cycle de ce monde.

Bien sûr, c’est une fiction, mais n’a-t-on pas le même problème dans notre monde à nous ?

Combien de gens, dans notre monde réel, passent leur vie à essayer de vivre le rêve de leurs parents, au lieu de vivre leur vie à eux ?

Combien de parents poussent leurs enfants vers une notion de « succès » qui ne leur correspond pas ?

 

Une promesse aveugle

Voilà le truc intéressant : ce n’est qu’au terme de la troisième saison qu’on comprend que cette idée d’île-paradis est faussée. En effet, il existe bien d’autres façons pour que le continent soit autonome en ressources ! Mais les gens ont tellement été persuadés et lavés du cerveau que seule l’île-paradis peut les sauver et leur apporter une bonne vie, qu’ils rejettent toutes les autres idées, et tout espoir.

Ça m’a beaucoup marqué. Tellement de souffrance pour rien ! Il suffirait qu’ils s’organisent différemment pour maximiser les ressources disponibles et ne plus dépendre autant de la régence de l’île-paradis (comme avoir leur propre gouvernement interne), qu’ils cessent de considérer l’île-paradis comme le seul but qui en vaille la peine dans cette vie, qu’ils trouvent d’autres de raisons de vivre (pourquoi pas explorer en-dehors de la ville ?), et tout le monde serait plus heureux. Si après tout, on a 97% de chance de ne pas aller sur l’île-paradis, pourquoi baser son entière existence dessus ?

 

Je me suis alors demandé : Quels sont les « paradis » de notre vie pour lesquels on se stresse autant que ces gens ? Autrement, dit, quels sont les buts qu’on se fixe et on se dit « Si je n’y arrive pas, ma vie n’aura aucun sens » ? Alors qu’il existe des solutions alternatives, plus simples, qu’on refuse de considérer parfois… par bête entêtement !

Quels sont vos paradis ? Ou quels ont été vos paradis ?

 

Je partage les miens dans un prochain article 🙂

 

 

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Un Commentaire

  • Christine

    Notre paradis vient de notre intérieur. Nous construisons notre bonheur. Il ne peut dépendre exclusivement de l’extérieur. Les gens qui attendent des circonstances favorables pour être heureux se leurrent. C’est la manière dont nous prenons ce qui nous arrive, notre proactivité et notre degré de gratitude qui déterminent notre bonheur.

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